2025-03-14T11:00:31Z https://metropole.nantes.fr/files/live/sites/metropolenantesfr/files/images/actualites/dechets-proprete-eau-energie/low%20tech/Luis%20Parada%20low%20tech%202%20%c2%a9%20Lo%c3%afc%20Gatteau_800.jpg

Ce Nantais a transformé sa maison pour consommer moins et mieux

ActualitésPublié le 14 mars 2025

Énergie renouvelable, permaculture, zéro déchet… Luis Parada nous a ouvert sa maison à Nantes où il expérimente la low-tech pour réduire son impact sur l’environnement. Visite.

Luis Parada a un petit côté Géo Trouvetou, le génial inventeur de Disney, ami de Picsou et Donald. Ingénieur, il est naturellement curieux et aime créer ou réinventer. « En 2015, j’étais un citoyen lambda, j’allais en voiture au travail alors que j’avais le tramway en bas de chez moi, raconte-il. Puis j’ai vu un reportage sur Béa Johnson et sur le zéro déchet et ça m’a questionné. J’ai commencé par acheter en vrac, amener mes contenants au marché, faire du compost. Le cerveau cherchant toujours la cohérence, quand j’ai commencé à diminuer mon impact sur l’environnement par les déchets, je me suis ensuite intéressé à l’énergie, à la mobilité… »

Luis Parada a notamment découvert et s’est approprié rapidement ce que l’on appelle la low tech. En opposition à la high-tech (« haute technologie »), la low tech (« technologie sobre ») désigne des objets, pratiques ou systèmes durables (de l’éco-conception à la durée de vie), accessibles (dans la fabrication comme dans le prix) et utiles au quotidien. « Souvent les gens se disent qu’il faut habiter dans une yourte au cœur du Larzac pour avoir un mode de vie à faible impact, plaisante le quarantenaire. Mais non, c’est possible en ville aussi. Il faut juste trouver des solutions qui s’adaptent à une maison qui n’a pas été pensée pour ça. »

Marguerite le méthaniseur

Luis Parada low tech 1 © Loïc Gatteau_800
© Loïc Gatteau.

L’objet le plus impressionnant chez Luis Parada s’appelle Marguerite parce qu’il produit du méthane comme une vache... C’est un méthaniseur qui lui permet de faire son propre gaz. Grâce aux plans et à du matériel de la start-up Homebiogas, il remplit Marguerite d’eau, de ses déchets organiques plus ceux de ses voisins et fabrique ainsi du gaz qui alimente une petite gazinière extérieure. « J’y fais cuire ma soupe l’hiver ou mes plats l’été. J’ai réduit ainsi d’un tiers l’utilisation de ma bouteille de gaz classique, et pourtant je n’alimente pas Marguerite à pleine capacité. Bientôt je vais mettre mon gaz en bouteille pour le stocker et l’utiliser davantage. »

La chasse d’eau par les toits

© Loïc Gatteau.
© Loïc Gatteau.

Pour démarrer beaucoup plus simplement qu’avec la fabrication de gaz maison, Luis Parada a installé un récupérateur d’eau de pluie sur sa gouttière. Il y a ajouté un filtre gravier et charbon actif, pour supprimer les métaux lourds des gaz d’échappements qui se déposent sur les toitures. Il a également imaginé un système de récupérateur d’eau directement sur le toit, qui grâce à un tuyau passant par un puits de lumière alimente la chasse d’eau des toilettes. « C’est une chasse d’eau faible pression que j’ai trouvée dans du matériel pour du bétail. Il suffit d’actionner la petite poire, l’eau descend par gravité tranquillement jusqu’à remplir le réservoir. Quand il n’y a pas assez d’eau, on utilise la chasse d’eau classique. »

Un potager productif de 6 m2

© Loïc Gatteau.
© Loïc Gatteau.

Luis Parada habite avec sa compagne et son fils près de l’Erdre à Nantes, dans une petite maison, avec un extérieur de 80 m2 entièrement minéral. Il a récupéré des bacs en bois qui servaient à stocker des pommes pour réaliser un potager de 6 m2. « Mon record c’est 35 kg de légumes, sans compter les fruits – pommes, poires, figues, fraises – parce que je fais de la permaculture : j’associe les cultures et je fais grimper des choses comme les haricots. Mais ce n’est pas évident, le vivant est complexe. »

Consommer moins d’énergie et solaire

© Loïc Gatteau.
© Loïc Gatteau.

Pour connaître la consommation d’énergie en temps réel de chacun de ses appareils et la réduire, Luis Parada s’est d’abord doté d’un petit boîtier connecté de chez Ecojoko. Il a ensuite ré-isolé toutes les pièces de la maison, isolé son chauffe-eau, mis un ventilateur pour que la chaleur de son poêle circule dans toute la maison et installé lui-même, facilement un kit de panneaux solaires de chez Beem. Bénéfice ? « J’ai divisé ma consommation d’électricité par 4 ».

Et ce n’est pas fini...

© Loïc Gatteau.
© Loïc Gatteau.

Luis Parada expérimente actuellement un système de réfrigérateur low tech dans une pièce très isolée, avec un système de circulation d’air qui récupère la fraîcheur de la nuit et la conserve le jour. Il a un projet de parabole solaire pour la cuisson pour économiser encore plus de gaz et envisage de se rapprocher et valoriser l’association toulousaine Picojoule qui promeut des petits systèmes de méthanisation à fabriquer soi-même.

Luis Parada est passionné, aime bidouiller, bricoler, chercher et grâce à son métier d’ingénieur il a déjà de bonnes compétences. « Mais c’est un travail de fourmi car la low tech est encore peu connue. Soit il faut passer beaucoup de temps à chercher, soit il faut s’entourer et faire petit à petit. Les solutions que j’ai trouvées pour ma maison ne vont pas forcément correspondre à d’autres. »

Pour aller plus loin

Cap low tech, une coopérative d’acteurs et actrices professionnelles des low tech sur le territoire.
La Bricolowtech, une association de Nantes Sud pour échanger des savoir-faire, expérimenter en toute convivialité.
Le low tech lab, une mine d’informations et de tutoriels pour se lancer.