Pourquoi avoir fait le choix de garder la silhouette d’origine ?
« Nous ne sommes pas partisans de la table rase, ni des gestes architecturaux gratuits, mais plutôt d’une démarche contextuelle et responsable tournée vers les usages. Dans le cas de la Tour Bretagne, nous étions face à un monument ambigu, suscitant chez les Nantais un sentiment d’amour-haine, même si la tour possède indéniablement des qualités, notamment son élancement. Plutôt que de l’épaissir pour gagner des mètres carrés, nous sommes donc restés frugaux en termes de travaux et de volumétrie. Nous avons par exemple réussi l’équation d’y proposer une grande variété de logements, du T1 au T5, sans épaissir le bâtiment. »
Comment ?
« La Tour Bretagne s’impose aujourd’hui dans le paysage nantais comme un rocher massif et assez sombre. Nous avons donc pris le parti de l’éclaircir et de souligner ses verticales en façade, depuis le pied de la tour jusqu’à son couronnement, pour lui donner une allure plus élancée. Elle offrira ainsi un visage longiligne et immatériel avec une façade géométrique sobre et élégante. »
Quel matériau pour la façade ?
« Nous devions trouver un matériau qui permette de renforcer les performances de la tour sans l’alourdir. L’aluminium recyclé nous a paru être une bonne réponse car il combine légèreté, facilité de mise en œuvre et qualités esthétiques. La tour actuelle ne réfléchit pas du tout la lumière. L’aluminium présente au contraire la qualité de changer selon la luminosité ambiante, passant du blanc à l’argenté, voire à l’orange au coucher du soleil. La tour pourra ainsi arborer des reflets changeants selon les heures et les saisons, ce qui lui donnera un côté un peu magique. »
L’autre nouveauté, c’est le socle de la tour : huit étages avec notamment un hôtel et un restaurant, dans un esprit new-yorkais...
« Il est difficile de travailler sur une tour sans penser au modèle classique new-yorkais. L’idée n’est pas de faire du copier-coller, mais de s’inspirer du concept de socle urbain qui rend les rues de New York si agréables et vivantes. Nous avons notamment voulu animer les façades du côté de la place du Cirque avec des commerces et un hôtel, par-dessus lesquels se déploie le reste du programme dans la tour. Le socle sera en teinte pierre pour se fondre dans le paysage urbain mais légèrement plus haut que les immeubles avoisinants, de façon à offrir des vues exceptionnelles depuis la terrasse du restaurant. »
Cette réhabilitation fait le choix de la sobriété. Comment ?
« La dimension responsable de notre approche repose sur l’idée travailler au maximum avec le déjà-là. Il y aura ainsi très peu de travaux sur le corps de la tour. Le socle sera la seule opération significative de soustraction/addition. La nouvelle façade a été conçue pour offrir une isolation performante avec le minimum de matière. En phase chantier, les matériaux seront réemployés à 100 % sur place ou dans des filières ex-situ. C’est une démarche de réemploi que nous portons depuis 4 à 5 ans maintenant. »
Vous avez également choisi de végétaliser les toitures...
« Face aux enjeux environnementaux, nous avons, comme architectes, la responsabilité de participer à la réintroduction de la nature en ville, notamment pour y renforcer la biodiversité. Mais il y a également une dimension de confort pour les usagers car la végétation est un isolant naturel et que l’évapotranspiration permet de rafraîchir l’espace. Ce sera de plus en plus crucial dans les périodes de canicule. Nous avons ainsi choisi de végétaliser au maximum le toit de l’hôtel et le sommet de la tour. »
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