Consommer moins d’énergie, cela fait près de cinquante ans que l’on en parle. Dans les années 1970, on parlait de chasse au gaspi, aujourd’hui, ce sont plutôt les écogestes. Des actions simples qui permettent de consommer moins et donc de dépenser moins. Mélodie Fournier, Daniel Reynier et Viviane Bangar ont déjà entamé ce changement. L’an dernier, ils ont participé au défi énergie, qui, depuis 2011, a touché environ 10 000 personnes à l’échelle du département. Un défi qui leur a offert outils, conseils et encouragements pour réduire leurs consommations d’eau et d’électricité. Pendant près de deux heures, à la maison du développement durable de Rezé, ils ont parlé du chauffage, des multiprises, mais aussi du grand mystère thermique des enfants qui ne supportent pas plus qu’un simple t-shirt en plein hiver. Plongez-vous dans leur échange.
Pourquoi on s’est lancés
Mélodie : « Ça fait longtemps que j’avais envie de participer au défi énergie. Et comme j’ai fini les travaux de ma maison, je me suis dit que c’était le moment. Je voulais mettre en place des habitudes, sans baisser le chauffage au point d’avoir froid tout l’hiver. Et pour acquérir les gestes, il est plus simple d’être un peu soutenu. »
Viviane : « Je suis sensibilisée sur le sujet depuis toute petite. On regardait un documentaire avec ma fille Oumy, sur le Sénégal. On a vu une école qui était loin de la plage il y a quelques années, et désormais l’eau grignote la cour de récréation. Avec le changement climatique, il y a des gens qui ont déjà les pieds dans l’eau, et nous on ne fait pas d’efforts. Alors, quand ma fille a fait le défi à l’école, on l’a suivie. »
Daniel : « Moi, je suis rentré dans le défi sur la demande d’une voisine, Diane. Elle n’a pas mis longtemps à me convaincre car j’étais déjà sensibilisé. À notre arrivée à Nantes, nous nous sommes inscrits à un cours sur le climat de l’université permanente. »
« Je me suis rendue compte de beaucoup de choses, qu’on dépensait 113 litres d’eau par jour – ça m’a marquée –, que même éteintes les machines consomment encore… »
Ce qu’on a changé
Mélodie : « Je me suis rendu compte de beaucoup de choses. Qu’on dépensait 113 litres d’eau par jour – ça m’a marquée –, que même éteintes les machines consomment encore… Tout un tas de petites choses. Plus personne ne laisse le chargeur branché après avoir rechargé son téléphone. Quand je me prépare une bouilloire d’eau, maintenant, je vais systématiquement remplir d'abord mon contenant. »
Daniel : « C’est peut-être mon côté ingénieur, mais j’évaluais depuis longtemps nos consommations mensuelles. Ce n’est pas difficile, c’est un tableau excel, on met deux chiffres, mais ça donne très vite des informations intéressantes. On avait l’habitude de ne pas chauffer du tout la nuit et de relancer à 6 h, mais on s’est rendu compte que la consommation faisait un bond vers 9-10 h, parce qu’il y a une inertie (nous avons des planchers chauffants électriques). Maintenant, on laisse chauffer en continu, mais on a baissé d’un demi degré en janvier, puis d’un demi degré en février. Et on a aussi installé un poêle à bois. Au final, on a réduit de 12 kW/h par jour. »
Viviane : « Sur la température, on a baissé, progressivement, comme ça le corps s’adapte. On régule selon le jour de la semaine. »
Daniel : « Après, ça dépend des tempéraments. Moi, j’ai un petit-fils, il est en t-shirt quand je porte trois couches de vêtements… »
Viviane : « Chez nous, on a investi dans des multiprises avec interrupteur. Ça permet de tout éteindre ou presque : la télé, la lampe du salon, le robot… On a aussi réglé le thermostat, en baissant la température dans le salon, où on a deux baies vitrées qui chauffent la maison. Et un jour notre fournisseur nous envoyé un petit message disant qu’on avait économisé 40 %. Ce qui est bien, c’est que les réflexes sont restés chez nos filles, même la plus petite, qui a trois ans. On se fait même disputer : “Papa, tiens, tu as oublié d'éteindre la lampe du salon, il n'y a personne là-bas !” »
Les obstacles, les questions
Viviane: « Ma plus grande n'aime pas dormir sans lumière. La lumière, la nuit, pour moi, qui ai grandi en Afrique, c’était la lune. Ça m’embêtait, je lui en ai parlé. Et en fait, c’est elle qui m’a proposé d’acheter une veilleuse solaire. On la met dehors la journée, elle se recharge, et comme ça elle peut l’allumer la nuit. »
Mélodie : « Sur la lumière, c’est vrai que chez nous, c’est Versailles. On n’a que des éclairages indirects, et je ne supporte pas de manquer de lumière. Sur certaines choses, on n’a pas envie de faire des efforts. Bon, au moins, on a mis des LED. Et sur le chauffage, ce que disait Daniel est intéressant. »
Daniel : « Sur le chauffage, on a baissé progressivement, un demi-degré un mois, un demi-degré l’autre. Mais en février, on s’est arrêté. On s’est dit non, on a fait des efforts, mais on n’avait pas envie d’aller plus loin. 19 °C, c’est bien déjà. »
« Les réflexes sont restés chez nos filles, même la plus petite, qui a trois ans. On se fait même disputer : « Papa, tiens, tu as oublié d'éteindre la lampe du salon, il n'y a personne là-bas ! »
Ce qu’on en retient
Mélodie : « On sent que le regard change petit à petit sur ces questions. Mais il reste du travail. Je disais à une copine, qui éclaire toujours sa maison incroyablement pour la fête de Noël, qu’elle pouvait peut-être utiliser des guirlandes qui ne sont pas électriques. Elle m’a répondu que non, parce qu’elle a envie de voir pétiller les yeux de ses enfants. Mais ce n’est pas justement le moment d’apprendre aux enfants que ce qui fait pétiller les yeux, c’est pas l’électricité dehors ? Maintenant, tout le monde est informé, donc ceux qui veulent faire l’effort le peuvent. Et je pense aussi qu’avec le coût de l’énergie, tout le monde va vouloir s’y mettre. »
Daniel : « Il est vrai que cette année, en France, nous avons baissé la consommation de 9 % . J’ai l’impression qu’il y a eu des prises de conscience intéressantes sur le climat. On trouve toujours des gens pour répondre que ça ne sert à rien si les Chinois ne changent pas aussi. C’est toujours à l’autre de commencer avant moi. Mais si personne ne bouge… Et en plus, ces changements sont faisables. »
Viviane : « On vit dans un monde où tout est là, tout est disponible, rien ne manque. Les conditions font que c'est à nous de faire les efforts pour que les autres ne ressentent pas autant le changement climatique. Parce que ceux qui le ressentent aujourd'hui sont ceux qui vivent dans les coins les moins développés. »
Climat : place aux actes, une nouvelle rubrique sur votre site
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