Le saviez-vous ? En France, moins de 1 % des eaux usées sont réutilisées, contre 20 % à l’échelle mondiale. « Avec l’impact du changement climatique sur le cycle de l’eau, que ce soit les sécheresses plus intenses ou la baisse du débit moyen des cours d’eau d’ici 2050, nous devons agir, explique Robin Salecroix, vice-président de Nantes Métropole délégué au cycle de l’eau et à l’assainissement. Agir sur nos consommations en étant plus sobres et en réutilisant les eaux usées, pour économiser la ressource. »
240 m3 d'eaux usées réutilisées chaque jour
Depuis août 2024, une expérimentation est menée sur la station d’épuration de Tougas à Saint-Herblain, en partenariat avec Suez. Sur les 105 000 m³ d’eau traités et rejetés chaque jour dans le milieu naturel, 240 m³ sont récupérés pour être retraités dans le module « skid REUT ». Dans ce container bleu facilement déplaçable, les eaux usées passent dans un filtre à sable, sous des UV puis reçoivent du chlore. Ces 240 m³ (soit environ la consommation d’eau pendant 6 ans d’une personne habitant dans la métropole) servent ensuite sur la station au nettoyage, à l’arrosage et comme eaux de process. « Aujourd’hui nous réfléchissons avec Nantes Métropole aux usages externes possibles comme le nettoyage de voiries ou l’arrosage des espaces verts, mais nous attendons encore certains textes réglementaires », ajoute Benoît Burguin, directeur régional Grand Ouest de l’activité eau de Suez.
Un comité scientifique évalue l'expérimentation
L’utilisation des eaux usées est soumise à des normes, en cours d’élaboration pour certaines, depuis l’adoption du Plan eau national en 2023. Pour être rejetées dans le milieu naturel, les eaux usées doivent déjà respecter des seuils de concentration. Pour être réutilisées, elles doivent subir des traitements complémentaires en fonction des usages. « Mais ces traitements restent moins importants et moins énergivores que pour rendre l’eau potable, indique Robin Salecroix. Donc en plus d’économiser la ressource, utiliser les eaux usées plutôt que l’eau potable permet d’économiser de l’énergie et de l’argent. »
Cette expérimentation est suivie par un comité scientifique composé d’experts de Suez, d’acteurs locaux et de chercheurs d’IMT Atlantique et de l’Université Gustave-Eiffel. Ce comité doit imaginer, tester et évaluer des solutions de pointe pour transformer le service d’assainissement de Nantes Métropole.
Plus de sobriété dans les usages
« La collectivité se doit d’être exemplaire dans le déploiement de ses services publics, précise Robin Salecroix. Le nettoiement à grandes eaux est terminé, l’arrosage se fait au goutte à goutte et nous avons installé des récupérateurs d’eau de pluie. Nous désimperméabilisons pour que l’eau s’infiltre là où elle tombe et n’encombre pas les réseaux d’eaux pluviales. Nous débusons des cours d’eau, etc. » La Métropole accompagne également les particuliers avec son aide à l’achat d’un récupérateur d’eau de pluie, avec les défis climat ou encore la distribution de plus de 18 000 mousseurs pour économiser cette précieuse ressource dès le robinet.
Evaluation de la consommation d’eau des foyers
Nantes Métropole participe à un projet d’évaluation des consommations d’eau des foyers avec une vingtaine de collectivités. Pendant deux ans, 32 foyers métropolitains vont être suivis et testeront des actions permettant de réduire leur consommation. Le recrutement de ces 32 foyers est en cours.
