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Le Voyage à Nantes 2024 fait dialoguer l’arbre et l’art

ActualitésPublié le 21 mai 2024

Ils sont partout dans la ville, mais les voit-on toujours ? Les arbres vont être révélés par l’art ou vont s’orner d’œuvres singulières lors du Voyage à Nantes estival. Tour d’horizon des nouveautés.

© Yuhsin U Chang - photo Franck Tomps.
© Yuhsin U Chang - photo Franck Tomps.

« Certains arbres sont des œuvres, et pourtant on ne les voit pas toujours, on trouve normal qu’ils soient là ! Mais quand on décide de les regarder, on s’aperçoit qu’ils sont vivants, qu’ils sont autre chose que des figurants dans la ville », note Jean Blaise, directeur du Voyage à Nantes (VAN) pour encore quelques mois (lire ci-dessous). Quoi de mieux que l’art pour nous (r)ouvrir les yeux sur ces grands végétaux, ces « figurants immobiles » ? Après la statuaire en 2023, c’est donc l’arbre qui est la thématique retenue pour ce nouvel événement estival. La direction Nature et Jardins de Nantes Métropole y a été étroitement associée, pour s’assurer notamment de la non-dégradation des spécimens choisis par les artistes comme supports à leur créativité.

Trois démarches coexistent pour toutes ces nouveautés : « On a demandé à des artistes de montrer, d’attirer l’attention sur certains arbres remarquables. On a demandé à d’autres, qui ont déjà travaillé le matériau, de venir créer des œuvres. On a demandé enfin, quand c’est possible, de pouvoir grimper dans l’arbre ! ».

La forme d’un arbre

© Séverine Hubard
© Séverine Hubard

Ce sera presque le cas pour les visiteurs avec Le sursaut des bois courbes de Barreau Charbonnet, qui ont imaginé un escalier-belvédère pour observer de près la ramure d’un magnolia grandiflora planté cours Cambronne.

Près du miroir d’eau, le VAN a fait appel à Séverine Hubard – « une sculptrice qui travaille in situ et aimer révéler les sites », explique Jenna Darde, chargée de production au VAN. Pour son Chef-d’œuvre torse, elle a projeté l’image de la flèche emblématique de la Maison des compagnons, et a réintroduit sa forme en l’inversant dans un pin. À quelques centaines de mètres, le jeune artiste nantais Max Coulon a été inspiré par la forme peu commune du pin couché derrière la station de tramway Duchesse-Anne : Luffy and the tree est une gigantesque main, taillée dans un tronc de séquoia, enserrant son tronc.

Des œuvres essaimées en ville

Le long de la ligne verte en ville, et jusque dans le vignoble, de beaux arbres vont s’orner de bijoux de verre réalisés par Maison Pelletier Ferruel sous le titre générique Trouver les égards. « Une vingtaine d’arbres ont été choisis, ce sera un peu comme un jeu de piste », dévoile Marie Dupas, chargée de production au VAN. Autre création essaimant en plusieurs endroits de la ville, L’Évasion, quatuor de fontaines Wallace revisitées par Cyril Pedrosa, qui fait une jonction idéale entre les éditions 2023 et 2024 du VAN.

Au cimetière de la Bouteillerie et dans le parc de l’hôtel de ville, le duo d’artistes Aurélie Ferruel et Florentine Guédon installent Glaner les germes, gigantesques pousses de pierre dont les formes organiques semblent aspirer les corps de glaneurs fossilisés… Saisissant ! Square Élisa-Mercœur, le Nantais Éric Fonteneau achève – 12 ans après son installation et après une restauration – son œuvre Un arbre-la forêt. Les trois arbres de bronze qui la composent vont être couronnés de 80 oiseaux dorés à la feuille d’or.

Enjeux climatiques

© Henrique Oliveira
© Henrique Oliveira

Et si les arbres du square Schwob, butte Sainte-Anne, mouraient dans plusieurs siècles, quelle taille atteindraient-ils ? C’est la question que s’est posée Yuhsin U Chang. L’artiste taïwanaise a projeté en sculpture le diamètre qu’aurait un Pinus pinea en l’an 2252. Le résultat : une curieuse « tranche » suspendue autour du tronc, où sont gravés les futurs anneaux de croissance. L’œuvre pose en creux la question des aléas climatiques, tout comme l’installation immersive Wildfire (meditation on fire) de David Claerbout, passage Sainte-Croix, représentation vidéo d’un incendie de forêt : « Une vingtaine de minutes d’un long travelling, où l’on va du calme à l’incendie... », précise Marie Dupas.

L’artiste brésilien Henrique Oliveira évoque par un autre biais l’impact de l’Humanité sur l’environnement. Il investit la place Graslin avec l’œuvre la plus spectaculaire de cette édition, Fitzcarraldo Dream : un arbre géant décharné dont la forme est obtenue en assemblant des plaques de bois. Le tronc surgissant du sol, les branches grimpant les marches du théâtre classique, la sculpture monumentale crée une vision fantastique et surréaliste.

Clins d’œil...

© Jean-François Fourtou - Galerie RX, Paris NY - photo Théo Pitout
© Jean-François Fourtou - Galerie RX, Paris NY - photo Théo Pitout

… ou nouveaux pas de côté, le VAN aligne des œuvres dont l’humour est la sève. L’hôtel de Briord et la place Royale ont été choisis par le « trublion » Jean-François Fourtou pour installer ses Hybridus : une famille d’êtres moitié humains, moitié palmiers ! L’enfant Hybridus, en particulier, devrait faire le bonheur des photographes : ce personnage de 5m de haut, en pyjama et chaussons, va se poster à proximité de la fontaine emblématique de Nantes.

Rue Gambetta, dans la résidence les Jardins de la Visitation, Sébastien Gouju s’est arrêté devant le spécimen rare d’Araucaria – arbre fossile aussi appelé Désespoir des singes : il l’a peuplé d’une quarantaine de ferronneries mêlant petits singes et éléments ornementaux.

Il faudra se rendre au Jardin des plantes pour admirer une autre statue monumentale (6m de haut), L’homme de bois, installé durablement au milieu des collections botaniques du Massif armoricain. Sur cette création de Fabrice Hyber, réalisée à partir de bois provenant d’arbres nantais, ruissellent des filets d’eau – l’œuvre sera colonisée ainsi au fil du temps par les mousses et les fougères. Autre œuvre appelée à être pérennisée, Deux baigneuses, réalisées en bronze et signées Claire Tabouret, prennent place dans le bassin de pierre des anciens bains-douches municipaux, allée Baco.

Du côté des partenaires

Les partenaires du VAN s’associent une fois de plus au parcours estival et sont à retrouver au fil du parcours matérialisé par la ligne verte (elle totalise cette année 23 km et 36 nouvelles étapes). Parmi les propositions : Révolution d’un seul brin de paille, l’exposition à l’Atelier des lauréats du Prix des arts visuels de la Ville de Nantes ; Derrière la porte, en lien avec l’exposition de Pierrick Sorin au Musée d’Arts ; CuCO & co de Caroline Mesquita à la HAB Galerie. Le parcours inter-écoles, dans le Quartier de la création de l’île de Nantes, est reconduit pour une 3e édition. Enfin, le partenariat avec la Semitan prend la forme d’un nouveau tramway, revisité par Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize : baptisé Le Train fantôme, il s’orne de multiples symboles nantais…

L’hommage appuyé à Jean Blaise

Le directeur du VAN a annoncé son départ en retraite, au 31 décembre 2024, lors de la présentation de son 13e événement estival. Jean Blaise avait posé ses valises dans la Cité des ducs pour la première fois en 1982, « envoyé par Jack Lang pour créer une maison de la culture type Malraux ». Écarté pendant le mandat municipal 1983-1989, il crée le Centre de recherche pour le développement culturel (CRDC), impliquant plusieurs collectivités locales, avant d’être rappelé par Jean-Marc Ayrault lorsque celui-ci est élu maire en 1989. L’année suivante, ce sont les Allumées, « une petite révolution culturelle » qui voit Nantes réveillée par les artistes de six villes du monde. Les festivals Trafics, Fin de siècle, la création du Lieu Unique, celle de la biennale Estuaire suivent au cours des années 1990-2000.

C'est en 2012 que Jean Blaise a pris la tête du Voyage à Nantes, société publique locale assurant la promotion touristique du territoire et proposant chaque année un parcours artistique dans la métropole et au-delà. « Tout ce qu’on a fait à Nantes ici, c’est comment faire pénétrer la création artistique, la créativité dans la ville, et comment des politiques peuvent assumer cela », résume-t-il. Et de rappeler : « À mes débuts, j’étais très étonné de voir à quel point les établissement culturels avaient peur du politique et se refermaient sur eux-mêmes. Ce n’était pas la culture pour tous, mais la culture pour certains, et je ne pouvais pas l’accepter. »

Relevant « la force et la puissance de cet héritage qui nous engage collectivement », soulignant « sa fidélité sans failles, sa passion sans bornes pour notre territoire », Johanna Rolland a fait part de son « immense gratitude, au nom des Nantaises et des Nantais, avec qui [Jean Blaise] a noué au fil des années un lien si particulier, si précieux, si intime ». La maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole a noté qu’avec le VAN, « ce n’est pas seulement le paysage qui est redessiné, c’est aussi le quotidien des habitantes et des habitants. »

« Nantes était autrefois une ville qu’on quittait l’été, si elle est devenue une destination incontournable, c’est en grande partie grâce au Voyage à Nantes », a aussi souligné l’élue, rappelant que « en 2014, la ville accueillait chaque été près de 450 000, ils sont aujourd’hui plus de 650 000 ».

Fabrice Roussel et Johanna Rolland aux côtés de Jean Blaise, lors de la présentation de l'édition 2024 du VAN © Thierry Mézerette
Fabrice Roussel et Johanna Rolland aux côtés de Jean Blaise, lors de la présentation de l'édition 2024 du VAN © Thierry Mézerette