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Quel bilan après cinq saisons de Transfert ?

ActualitésPublié le 29 septembre 2022

La « zone libre d’art et de culture » va quitter le site des anciens abattoirs de Rezé après 5 ans d’effervescence. Pilote du projet, Pick Up Production et les élus locaux en ont dressé le bilan, entre satisfaction et « frustration ».

Le site de Transfert, qui couvre 15 hectares, va bientôt laisser place au chantier de la ZAC Pirmil-Les Isles. Le sort des œuvres (ici, le crâne de vache imaginé par David Bartex) n’est pas encore scellé © Rodolphe Delaroque.
Le site de Transfert, qui couvre 15 hectares, va bientôt laisser place au chantier de la ZAC Pirmil-Les Isles. Le sort des œuvres (ici, le crâne de vache imaginé par David Bartex) n’est pas encore scellé © Rodolphe Delaroque.

1er juillet 2018 : Transfert ouvre ses portes. 18 septembre 2022 : elles se referment au terme d’une 5e saison estivale, enfin sans entraves sanitaires. Et maintenant ? « La destruction du site va intervenir dans les semaines qui viennent jusqu’à mars 2023 pour laisser la place au chantier de la ZAC Pirmil-Les Iles », explique Nicolas Reverdito, directeur de Pick Up Production. Pour cette association à l’initiative du projet et les collectivités qui l’ont soutenu (Nantes Métropole et la Ville de Rezé, auxquelles il faut ajouter l'État via la Drac), c’est l’heure d’un premier bilan.

Il se partage entre satisfaction et « frustration », à écouter Nicolas Reverdito, qui évoque « cinq années mouvementées ». D’abord parce que « le chantier urbain devait démarrer dès 2020 et cohabiter avec le projet culturel », ensuite du fait de la pandémie, enfin parce que la communication avec les aménageurs « s’est coupée à partir de 2020-21 ». Une partie de l'activité de Transfert consistait à imaginer comment les artistes et la culture pouvaient contribuer à la fabrique de la ville. Mais entre professionnels de l’art et ceux de l’urbain, un hiatus: « La vision de ce qu’est la culture : est-elle juste un supplément d’âme ou bien est-ce la colonne vertébrale de nos vies sociales ? ».

L’idée d’une « clause culture »

« Il nous faut encore travailler pour que la culture soit au cœur des projets », concède Fabrice Roussel. Le 1er vice-président de Nantes Métropole compte défendre l’une des « recommandations » exprimées par Pick Up Productions quant à l’avenir du site : la mise en place d’une « clause culture incitative » dans les futurs appels d’offres de la ZAC. « On a une occasion unique de travailler avec les promoteurs, les futurs bailleurs, dès la construction d’un nouveau quartier ».

Le budget total de Transfert s'est élevé à 12 millions d'euros (M€) pour les cinq saisons, pour deux tiers de l'argent public. « On a mis 2,4 M€ en  investissement et 5,5 M€ en fonctionnement, précise Aymeric Seassau. Est-ce qu’on est content ? La réponse est oui, assurément. » Pour l’adjoint nantais à la culture, Transfert a été « un terrain d’expérimentation formidable qui va nous permettre de tirer des enseignements », notamment sur « la participation des artistes à la fabrique de la ville », l’intergénérationnel ou encore « la capacité à trouver de la place pour la fête en plein air ».

790 formations culturelles accueillies

L’importance du travail effectué en cinq ans d’un point de vue artistique fait consensus : « Un des enjeux était de permettre une grande expression culturelle, rappelle Fabrice Roussel, et ce travail a été réalisé de manière très qualitative, avec de nombreuses formations, l’accueil de résidences, la capacité donnée à des petites compagnies de s’exprimer... » Qu’il s’agisse de création ou de diffusion, Transfert aura accueilli 790 formations artistiques sur les cinq ans (93 en résidence de recherche-création).

Dans le même temps, 550 000 personnes auront visité le site. « On a multiplié les activités d’arts et de culture mais aussi de loisir et de sport, des ateliers de réparation, de discussion... autant de moyens de faire venir ici des gens très différents », rappelle Fanny Broyelle, secrétaire générale de Pick Up Production. Hugues Brianceau, adjoint à la culture de Rezé, note pour sa part « l’implication importante sur le territoire rezéen : beaucoup de projets ont été menés, sur de l’éducation artistique et culturelle, sur le quartier Château, avec des associations de seniors, les centres socioculturels... »

Transfert et ses 15 hectares en plein air, rappelle Aymeric Seassau, a aussi permis de parer aux difficultés posées par la pandémie et les normes sanitaires : « Des structures qui rencontraient des difficultés, des événements qui ne pouvaient se produire y ont trouvé un point d’atterrissage. »

Le devenir des œuvres en discussion

À côté de cet héritage, Transfert lègue des œuvres bien concrètes : toboggan crâne de vache, Atelier des yeux, totems containers… Les discussions vont aller bon train. « Le 3 octobre, on a un premier temps avec les acteurs culturels sur le réemploi des objets, sur d’autres sites, sur des festivals dans la région… On ne privilégie pas forcément celui qui a le plus de moyens, mais ce qui fait sens », explique Nicolas Reverdito. « On a cœur de ne pas tout mettre à la benne mais de travailler la question du réemploi des éléments du site, avant de penser à du recyclage ou de la destruction », complète Fanny Broyelle.

Le cas de l’imposant Remorqueur, symbole des nuits nantaises et désormais sur cale à Rezé, est au cœur de discussions avec la Ville de Nantes : « Il devrait rester sur site après mars, pour prendre le temps de la réflexion sur le réemploi de cet objet du patrimoine sur le territoire. »

Enfin, les huit structures résidant sur place à l’année (l’imprimerie la Petite Frappe, le Camping sauvage, une restauratrice…) cherchent actuellement des lieux où se reloger. C’est aussi le cas de Pick Up qui doit déménager ses bureaux d’ici le début 2023, et va dans les prochains mois investir un nouveau site pour un projet liant culture et handicap, dans un ancien Institut médico-éducatif de Nantes. « Que l’on parte, ça fait partie de l’aventure », rappelle le directeur de Pick Up Production.