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Quai de Versailles, la reconversion des Ateliers Normand se dessine

Actualités Publié le 06 janvier 2023

Désaffectée depuis 2017, cette ancienne fabrique de crin puis menuiserie se prépare à une nouvelle vie. Le site, racheté par la collectivité, sera transformé à l’horizon 2027 pour créer de nouveaux logements, des espaces verts et permettre le retour d’activités artisanales en cœur de ville.

L’îlot Normand, vu ici depuis l’île de Versailles, se compose d’ateliers, d’entrepôts et d’une maison de maître du 19e siècle. © Anyoji Beltrando
L’îlot Normand, vu ici depuis l’île de Versailles, se compose d’ateliers, d’entrepôts et d’une maison de maître du 19e siècle. © Anyoji Beltrando

Les promeneurs des bords de l’Erdre connaissent bien cette façade de style art déco au 40 et 41, quai de Versailles. Construit à l’origine pour accueillir la manufacture de crin et brosserie Ruf&Cie fondée au milieu du 19e siècle, le bâtiment abritait jusqu’en 2017 un spécialiste de l’agencement d’intérieur haut de gamme pour des hôtels, des cinémas ou encore des paquebots. Les Ateliers Normand ont toujours leur nom au fronton du bâtiment le long de l’Erdre, mais l’activité a déménagé à Sainte-Pazanne. Cinq ans après son départ, le site prépare sa reconversion.

Racheté en 2019 par l’Agence foncière de Loire-Atlantique pour le compte de Nantes Métropole afin de faciliter le chantier du bassin de stockage-rétention des eaux pluviales (BSR) Barbin situé sur la parcelle voisine, il fait l’objet d’une étude urbaine depuis 2022. Les élus ont présenté ses conclusions en avant-première aux habitants et associations du quartier, mercredi 4 janvier. « Nous sommes très en amont du projet, au stade des études préliminaires, avertit d’emblée Tristan Riom, adjoint de quartier Hauts-Pavés Saint-Félix. L’objectif est de partager les premières orientations que nous privilégions pour le devenir de ce site à l’histoire singulière. »

Vue aérienne de l’île de Versailles en 1956. Le quai accueillait encore de nombreuses activités artisanales et manufacturières : des ateliers de charpentiers, des fabriques de meubles, de chaussures, un chantier naval… © Archives Ville de Nantes
Vue aérienne de l’île de Versailles en 1956. Le quai accueillait encore de nombreuses activités artisanales et manufacturières : des ateliers de charpentiers, des fabriques de meubles, de chaussures, un chantier naval… © Archives Ville de Nantes

Logements sociaux et activités artisanales

« Au 19e siècle, le quartier fourmillait d’usines au bord de l’Erdre : droguerie, tanneur, charpentier, fabrique de meubles, chantier naval… Après-guerre, des transformations majeures se sont opérées et les ateliers ont progressivement disparu au profit d’activités résidentielles et d’espaces de loisirs, explique Jérôme Le Jéloux, chef de projet à Nantes Métropole. Les Ateliers Normand sont l’un des derniers témoins de cette longue tradition artisanale et manufacturière ». « Le premier enjeu du projet est de conserver cette vocation productive, en ramenant des activités artisanales en cœur de ville avec des loyers à prix accessibles, indique Tristan Riom. Nous avons besoin d’un petit artisanat de proximité (plombiers, peintres, électriciens, serruriers, etc.) pour répondre aux besoins des habitants et limiter les déplacements des artisans qui ont été rejetés hors de la ville faute de locaux ».

Cette réserve foncière de 3 500 m² en plein cœur de Nantes offre aussi l’opportunité de construire de nouveaux logement sociaux et abordables dans un quartier qui en manque, poursuit Thomas Quéro, adjoint au maire chargé de la forme de la ville et de l’urbanisme durable. « Un enjeu important pour permettre l’installation de familles des classes moyennes, près des emplois, des transports en commun et des services ». Dernier objectif : désenclaver et végétaliser cet îlot aujourd’hui entièrement minéral, par la création d’un nouveau cheminement piétons/vélos qui traversera l’opération pour relier la rue de l’Ouche de Versailles au quai de Versailles et faciliter l’accès à l’Erdre et au tramway.

Un patrimoine emblématique mis en valeur

Le site ne va pas radicalement changer pour autant. « L’idée n’est pas de faire table rase du passé », assurent Yannick Beltrando et Pierre Mangemantin, architectes-urbanistes de l’agence Anyoji Beltrando qui ont conduit l’étude avec La Forme et l’usage (paysagistes) et Artélia (bureau d’études techniques). Si les entrepôts les plus récents ont été démolis fin 2022 pour réaliser le chantier du bassin de rétention, la nef qui constitue le bâtiment principal des Ateliers Normand sera conservée avec sa façade et ses beaux volumes sous combles, tout comme la maison de maître construite en 1881 à l’entrée du site. Inscrits au patrimoine nantais, les deux édifices seront réhabilités pour les adapter aux normes environnementales et mettre en valeur ce patrimoine emblématique du quai de Versailles. « La grande halle est aujourd’hui très dégradée, il faudra envisager des travaux de confortement pour assurer une utilisation future à un prix raisonnable », précise Thomas Quéro. Respectueux de l’existant, l’aménagement sera mesuré. « Ces ateliers assez bas sont une respiration sur le quai de Versailles qui s’est beaucoup densifié, souligne Yannick Beltrando. L’idée est de conserver ces hauteurs, avec des bâtiments limités à 3-4 étages, situés en retrait des habitations pour impacter le moins possible le voisinage ».

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1 600 m² d’ateliers partagés et de bureaux en partie dédiés à l’économie sociale et solidaire sont projetés dans le bâtiment principal des Ateliers. « Leur usage n’est pas encore défini. Le site se prête à accueillir de la logistique urbaine, par exemple pour livrer à vélos des petits colis », précise Thomas Quéro. En cœur d’îlot, à la place des entrepôts démolis, deux petits immeubles seront construits pour abriter 25/30 logements, avec des locaux pour des artisans et possiblement de l’artisanat d’art en rez-de-chaussée. La maison de maître, quant à elle, sera vendue à un acquéreur privé afin de financer en partie l’opération. En attendant sa rénovation, le souhait est qu'elle continue d’accueillir des logements d’urgence pour des publics précaires.

L’ensemble de l’opération s’organisera autour d’une placette publique. Illustration des principes d’aménagement de l’îlot - projet non définitif. ©  Anyoji Beltrando
L’ensemble de l’opération s’organisera autour d’une placette publique. Illustration des principes d’aménagement de l’îlot - projet non définitif. © Anyoji Beltrando

Une placette ombragée et animée

L’ensemble s’organisera autour d’une placette publique de la taille de la place Sainte-Croix (environ 550 m²).  « Le site a un côté intime, précise l’urbaniste. L’objectif est de créer un lieu qui a du charme, dans l’esprit des anciennes cours artisanales, avec un sol pavé et des plantations pour éviter les îlots de chaleur et offrir des conditions de vie agréables ». Pour l’animer, un café-restaurant avec une terrasse ombragée pourrait voir le jour. Autour, 600 m² d’espaces verts seront créés, avec notamment trois beaux arbres et des toitures végétalisées. À la surface du bassin Barbin, un jardin partagé, confié à une association, sera par ailleurs aménagé.

Particularité de l’opération : il n’y aura pas de parking souterrain. Un choix destiné à limiter l’impact carbone du projet, les nuisances pendant le chantier et améliorer la qualité de la placette. « Il existe une vingtaine de places de stationnement vacantes dans les parkings alentours (immeubles d’Harmonie Habitat et de Nantes Métropole). L’idée est de les proposer aux futurs résidents plutôt que de creuser le sous-sol pour créer de nouvelles places dont on n’est pas sûr de l’utilisation dans 10 ou 15 ans. Les préoccupations et les modes de vie évoluent, les jeunes générations n’ont déjà plus le même rapport à la voiture », observent les élus. Pour faciliter la vie des cyclistes, des locaux vélos seront aménagés dans les rez-de-chaussée et des arceaux installés sur les espaces publics. En surface, la cour sera entièrement piétonne. « Les véhicules pourront entrer de manière exceptionnelle, pour une livraison, l’accès d’une personne à mobilité réduite ou encore un déménagement ». Le reste du temps, les habitants du quartier et les promeneurs profiteront d’un espace apaisé.

Il faudra encore patienter quelques années avant de voir le site se transformer. « On ne pourra intervenir qu’après la réalisation du bassin de rétention prévue de 2024 à 2026 », explique Jérôme Le Jéloux. En 2023, la collectivité travaillera au montage concret de l’opération, avec le choix d’un opérateur et des architectes qui concevront le programme. Les travaux d’aménagement pourraient démarrer fin 2025, pour une livraison fin 2027, suivant un calendrier qui reste à ce stade prévisionnel.

Pratique

Consultez les premières orientations d'aménagement en PDF.

Consultez le compte-rendu de la réunion publique du 4 janvier 2023.

Retrouvez toute l’histoire des Ateliers Normand sur Nantes Patrimonia.

À quoi va servir le bassin Barbin ?

Un bassin de stockage et de rétention des eaux (BSR) est un ouvrage indispensable pour traiter les eaux à l’échelle du quartier et sécuriser l’approvisionnement de la métropole nantaise. En cas de pollution majeure sur la Loire, le point de pompage principal, l’Erdre est en effet la solution de secours pour la fourniture d’eau. Il est donc essentiel de limiter au maximum les rejets d’eau usée dans le milieu naturel. C’est la fonction des bassins de rétention, comme celui du Maquis de Saffré, inauguré en 2017, et celui de Barbin, qui va se construire entre les rues de Châteaulin et de l’Ouche de Versailles.
Un avis citoyen a été rendu en 2019 sur ce projet, suite à la concertation menée avec les riverains, les associations, les entreprises et commerçants du quartier. La collectivité a pris en compte ces préconisations citoyennes, et un comité de suivi a été mis en place avec les riverains impliqués.
Les premiers travaux ont été réalisés fin 2022, avec la démolition d’entrepôts sur le site des Ateliers Normand. Le chantier du BSR à proprement parler se déroulera de 2024 à 2026, après la finalisation des études technique en 2023.