Dans le cadre de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, une conférence-débat sur la justice restaurative était organisée le 23 novembre 2023 à la Bibliothèque de l'École des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire et présence de l'équipe de l’IFJR (Institut Français pour la Justice Restaurative). La coordinatrice de son antenne nord-ouest, Pauline Viot a bien voulu nous éclairer sur cette mesure.
Qu’est-ce-que la justice restaurative ?
« La justice restaurative, c’est une mesure qui consiste à faire dialoguer victime et auteur d’infraction. Ils peuvent se connaître et être au cœur de la même affaire, ou être étrangers l’un à l’autre. Bien sûr, cette rencontre est mûrement préparée en amont et animée par un ou deux accompagnateurs, dans un cadre sécurisé et sécurisant. Deux bénévoles représentant la société civile peuvent également être présents pendant les rencontres. Cette mesure est un droit pour toutes et tous, elle est confidentielle et sur la base du volontariat. Elle est complémentaire de la justice pénale et n’influence pas sur la décision de justice. Expérimentée en 2010, cette mesure est rentrée dans la loi en 2014. »
Quel est le but de la justice restaurative ?
« La justice restaurative n’est pas un processus thérapeutique mais participe à la réparation globale des victimes. Dans le cas d’un vol, d’une agression, de violences, les questions sont nombreuses « pourquoi tout ça est arrivé ? », « pourquoi moi ? ». Ainsi, le but premier de ce dispositif, c’est le dialogue, afin d’aider à comprendre, à verbaliser et à trouver des réponses. Pour les victimes, ce processus peut produire un certain apaisement. La parole permet de diminuer le sentiment de honte ou de peur et améliore l’estime de soi. Pour les auteurs, c'est une opportunité de prendre conscience des répercussions de leurs actes et de se responsabiliser. Cela donne du sens à leur peine pénale et cette prise de conscience peut réduire, à terme, le risque de récidive. »
Comment est perçue la justice restaurative par le grand public ?
« Jeune, cette mesure est encore peu connue et n’est pas toujours proposée aux auteurs et aux victimes lors des procédures judiciaires, par manque d’information. En 2022, 60 mesures ont été réalisées (contre 39 en 2021) et 98 personnes étaient concernées. Sorti en mars dernier, le film Je verrai toujours vos visages montre comment se déroulent les séances de justice restaurative. Grand succès en salle, il a permis de faire connaître cette mesure beaucoup plus largement au grand public. Le film est très fidèle à la réalité. Nous continuons de faire connaître le dispositif pour que les personnes s’en saisissent. »